Agassi révèle s’être drogué !
29/10/2009Mercredi 28 octobre 2009. C’est le Times de Londres qui a eu le scoop. Le quotidien britannique a publié en avant-première des extraits de l’autobiographie d’André intitulée Open : an autobiography à paraître en novembre. On y apprend qu’Agassi a pris de la méthamphétamine (crystal meth en anglais), une drogue synthétique parfois qualifiée de récréative qui agit comme stimulant du système nerveux central. C’était en 1997. Agassi était alors au plus bas dans sa carrière, en plein doute quant à son tennis, mais aussi quant à son mariage avec Brooke Shields. André explique également avoir menti pour échapper à une sanction après un contrôle antidopage positif cette même année.
Extraits. “Slim (son assistant) verse un petit monticule de poudre sur la table. Il la coupe, la sniffe. Il la coupe à nouveau. J’en sniffe. Je m’enfonce dans le canapé et je pense au Rubicon que je viens de franchir. Il y a un instant de regret, suivi d’une immense tristesse. Arrive ensuite une énorme vague d’euphorie qui balaie toute pensée négative de ma tête. Je ne me suis jamais senti si vivant, si plein d’espoir.”
Suite à son contrôle positif, André se souvient : “Mon nom, ma carrière, tout est en jeu. Tout ce que j’ai accompli, tout ce pour quoi j’ai travaillé pourrait bientôt ne plus rien signifier. (…) Me voilà sur une chaise (…) à écrire une lettre à l’ATP. Elle est truffée de mensonges et parsemée de petits passages de vérité. (…) J’ai écrit (…) que [mon assistant] était un consommateur régulier de drogues et qu’il mélangeait souvent la ‘meth’ avec des sodas, ce qui était vrai. Mais j’ai ajouté que j’en avais bu un par accident”. La méthamphétamine est une drogue de classe 2, Agassi risque trois mois de suspension, mais l’ATP décide finalement de classer le dossier sans suite.
Le monde du sport est aujourd’hui en état de choc. L’ATP a réagi par communiqué en démentant avoir voulu cacher ce contrôle. John Fahey, président de l’Agence mondiale anti-dopage (AMA), a expliqué que l’agence, fondée en 1999, ne pouvait engager aucune action contre Andre Agassi du fait de son délai de prescription de huit ans. Il a en revanche fait savoir qu’il attendait des explications de la part de l’ATP sur son comportement. De son côté, la Fédération internationale de tennis (ITF) s’est déclarée “surprise et déçue” par l’intermédiaire de son président, Francesco Ricci Bitti.
Les jours qui viennent promettent leur lot de commentaires, de jugements moraux ou moralisateurs. Dominguez et Benneteau ont d’ores et déjà donné le ton. Alors que dire ? Qu’Agassi s’est dopé, qu’il a menti et que ce n’est pas bien ? Qu’il aurait dû l’avouer plus tôt ? Que maintenant c’est trop tard et qu’il aurait mieux fait de se taire ? Qu’il fait ça pour faire vendre son livre ?
Pour moi, même douze ans après, cela reste une preuve de courage. Comme l’indique le titre de son ouvrage, Agassi s’ouvre, se livre. Il le fait honnêtement. Cet écart passager me paraît même plutôt anecdotique d’autant qu’il advient à un moment où la carrière d’André est au plus bas et il ne remet donc pas en cause son palmarès (rappelons qu’entre 1987 et 2006, 1997 est la seule année durant laquelle il n’a remporté aucun tournoi). J’attends d’autres choses bien plus intéressantes de ce livre.
Alors oui, c’est vrai, Agassi a fauté. Mais c’est tout simpliement qu’il n’est ni un dieu, ni un saint, mais un être humain avec ses faiblesses, ses doutes. Sa carrière avec ses hauts et ses bas nous l’avait déjà montré. Cet aveu ne fait que le confirmer. Et c’est notamment pour cela qu’il a touché tant de fans de tennis à travers le monde. Ces quelques lignes risquent de faire beaucoup gloser, mais elles n’enlèvent rien à l’immense champion et à l’homme qu’est André Agassi.
Laissons le dernier mot à André. Pour lui, ces révélations sur son passé n’affecteront pas l’opinion que les gens ont de lui. “J’ai été inquiet pendant un moment mais cela n’a pas duré (…) Je laisse transparaître mes émotions et vous pouvez lire mes sentiments sur mon visage. En fait, j’étais impatient de raconter cette histoire à tout le monde.”
Sources : reuters.com, lemonde.fr, spot365.fr, lequipe.fr, jminforme.ca
Open : an autobiography, le livre d’André à paraître en novembre prochain